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CORRESPONDANCE

866. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, mercredi soir, 12 septembre 1866.
Ma chère Carolo,

Tu m’as écrit de Saint-Martin une lettre qui m’a fait rire dans le silence du cabinet, tant tu dépeins gentiment un ennui des plus cossus. Pauvre loulou ! ça ne m’a pas, du reste, bien étonné. Rien n’est embêtant comme la campagne, si ce n’est les bourgeois ; et quand on réunit l’une avec les autres, l’emm… (si j’ose m’exprimer ainsi) est complet. Enfin te voilà rétablie dans ton petit intérieur avec tes petites habitudes, tes petits domestiques et ta petite voiture. Tu dois te trouver mieux.

Quant à l’histoire de la lecture manquée, c’est bien simple.

Un des directeurs de la Gaîté (Dumaine) a exprimé devant Carjat le désir d’avoir une féerie en dehors des conditions ordinaires. Là-dessus Carjat s’est enflammé pour la nôtre et le rendez-vous a été donné.

Mais une fois arrivés à Paris pour exhiber notre marchandise, les histoires comiques ont commencé : 1o  l’associé de Dumaine, Bonvel, était à la chasse ; 2o  Dumaine a été appelé à la Préfecture et a commencé par nous manquer de parole deux fois dans la même journée. Bref, j’ai parfaitement vu qu’il avait peur de ma littérature et ne se souciait guère de l’entendre, quoique un autre rendez-vous soit donné pour plus tard, pour cet hiver.