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CORRESPONDANCE

863. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Croisset, vendredi soir.

Eh bien, Princesse, comment s’est passé le voyage ? Sans encombre n’est-ce pas ? Le plus difficile est accompli et le moment du retour ne va pas tarder ; un peu de courage !

Je connais mieux qu’un autre les arrachements du départ (chaque année, quand je quitte Paris, j’ai une heure douloureuse), aussi ai-je bien compris tout ce que vous me dites.

Mais plus tard, c’est-à-dire bientôt, vous serez contente de votre résolution et vous retrouverez Saint-Gratien et la rue de Courcelles avec une émotion de cœur délicieuse.

À propos d’attendrissements, j’en ai eu un, Princesse, en lisant vos dernières lignes, où vous m’annoncez un petit cadeau qui me sera plus doux que la chose en soi. Car l’honneur est partagé par beaucoup, mais cela non pas ! Et je ne sais comment faire pour vous répondre et vous remercier.

Je vous trouve, néanmoins, bien sévère pour Mon dernier amour[1]. Ce livre contient, selon moi, des parties très remarquables, entr’autres les caractères de Félicie et de Tonino. Quant à ses défauts, je les ai dits de vive voix à l’auteur ; car Elle est tombée dans ma cabane, à l’improviste, avant-hier, en revenant de Saint-Valery, où elle avait été voir A. Dumas (les oreilles ont dû vous saigner, Prin-

  1. De George Sand.