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CORRESPONDANCE

Comme il y a longtemps que nous ne nous sommes vus ! J’ai bien envie de te bécoter.

Tu vois que moi, je suis un homme exact, et que je réponds de suite aux lettres.

Le Lion amoureux est une infection, et Ponsard un idiot. Tu peux le dire sans crainte ; mais il est convenu que c’est beau.

Adieu. Je t’embrasse bien fort.

Ton vieux.

Embrasse Ernest pour moi.

P.-S. — Êtes-vous heureux de quitter momentanément votre infecte patrie ?

2e P.-S. — Je te dispense de faire, de ma part, le moindre compliment à mes amis et connaissances.


840. À MADAME GUSTAVE DE MAUPASSANT.
Paris, 9 mars 1866.
Ma chère Laure,

Comment t’exprimer ma stupéfaction et ma douleur ? Je n’ai appris l’affreuse nouvelle qu’hier au soir, seulement. J’en suis encore écrasé.

Je t’aime trop pour te donner des consolations et te dire de ces choses banales qui exaspèrent la souffrance. Pleure, ma pauvre vieille amie, pleure tant que tu pourras ! Celle[1] que tu as perdue

  1. Mme Le Poittevin, mère de Mme de Maupassant.