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DE GUSTAVE FLAUBERT.

820. À CHARLES-EDMOND[1].
[Croisset, octobre 1865].
Très Cher,

Je n’ai pas fini !… Je touche à la terminaison de la première partie. Quand arriverai-je au bout des deux autres ? Apollon, Dieu des ratures, seul peut le savoir !

Ouïssez d’ailleurs ceci, ô mon mignon ! Madame Bovary m’ayant, de bénéfice net, coûté trois cents francs… j’ai envie désormais de donner mes livres pour rien du tout. Ce serait une pose, mais distinguée, convenez-en.

Le labeur et le salaire me semblent deux choses tellement loin l’une de l’autre, tellement disproportionnées, que leur rapport m’échappe !… donc, n’y pouvant rien, je me résigne et, pourvu que je paye à peu près mon papier, je n’en demande pas plus. Nous causerons de tout cela prochainement, à la première des Goncourt.


  1. Cette lettre a été publiée pour la première fois, sans indication de destinataire, par Jules Claretie, dans le Temps du 16 juin 1882. Descharmes (édition du Centenaire, III, 41) croyait qu’elle avait pu être adressée à Charles-Edmond. Cette hypothèse nous a été confirmée par une aimable communication de M. Georges Claretie.