sation des ouvriers, le père Senart qui ne me paraît pas fort du tout, et l’illustre Migraine qui sort de mon cabinet à l’instant. Il me tarde bien de m’en aller, et de bécoter tes bonnes joues.
Je vais aujourd’hui à Rouen, dîner chez le petit Baudry, avec des Persans. Je passerai à l’Hôtel-Dieu et je profiterai de l’occasion pour prendre un bain de vapeur. Ça me délassera. La fin de Carthage est lourde.
La lettre du couvent, que je viens d’ouvrir par ton ordre, est pour t’inviter à assister au tirage de la loterie qui a eu lieu hier.
Je suis content que tu étudies un peu plus ton piano. Tâche d’acquérir le plus de talents possible. Ça fait passer le temps agréablement, et ça peut servir.
Continue à lire l’Histoire de la conquête[1]. Ne t’habitue pas à commencer des lectures et à les planter là pour quelque temps. Quand on a pris un livre, il faut l’avaler d’un seul coup ; c’est le seul moyen de voir l’ensemble et d’en tirer du profit. Accoutume-toi à poursuivre une idée. Puisque tu es mon élève, je ne veux pas que tu aies ce décousu dans les pensées, ce peu d’esprit de suite, qui est l’apanage des personnes de ton sexe. Voilà des conseils bien rébarbatifs (ou rébarbaratifs), mon bibi, et qui sentent le scheik ; mais ta lettre de ce matin est si gentille et bien troussée, que l’on peut te parler comme à un jeune homme raisonnable, ce qui est le plus grand éloge que je puisse te faire.
- ↑ Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands, par Augustin Thierry.