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DE GUSTAVE FLAUBERT

Tout ce que cela suggère d’idées nouvelles, d’aperçus, de rêveries, est infini !

Vous m’avez placé sous les yeux des paysages que je connais : Delphes et l’Égypte entre autres. Personne n’aura été un voyant comme vous. Mais c’est une banalité que de le dire.

Une chose par-dessus tout m’a stupéfait et instruit : à savoir l’histoire d’Alexandre. Voilà qui est neuf, je crois, et profond.

Maintenant, les détails m’échappent un peu. Je vais m’y remettre et déguster chaque page lentement, comme il convient. Le passage sur Eschyle est bien beau ! Mais qu’est-ce qui n’est pas beau dans votre œuvre ? Cœur, imagination et jugement, vous ébranlez tout en nous-mêmes, avec vos mains puissantes et délicates.

Il y a des génies de première volée et qu’on n’aime pas cependant. Mais vous, cher maître, vous emportez le lecteur dans votre personnalité par je ne sais quelle grâce — qui est l’extrême force peut-être.

Pas un, croyez-le, ne sent mieux cela que celui qui vous serre les mains bien tendrement, et ose se dire le vôtre.


803. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Paris, 17 novembre 1864].
Mon Bibi,

Je n’écris pas à ta maman, parce qu’elle ne m’a pas donné son adresse. J’irai demain au Palais-Royal, pour Coralie.