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DE GUSTAVE FLAUBERT.

que je conçois est admirablement décrit. J’y suis nommé en toutes lettres et cela m’a fait beaucoup rire tant c’est vrai !

Je vous accorde qu’il valait mieux que les gloires du jour ; l’éloge est mince, mais c’est jusque-là que je peux aller.

D’où vient qu’on est toujours indulgent pour la médiocrité dorée ? Et qu’on sait Béranger par cœur et pas un vers de Saint-Amant, pas une page de Rabelais ? Pourquoi M. Thiers est-il notre grand historien ? etc., etc. Quelle vanité que la littérature et que la gloire !

Le cavalier Marini a eu plus d’honneurs en France que tous ses écrivains réunis. Qui est-ce qui lit Byron, maintenant ? Même en Angleterre ! De tout cela, je conclus, suivant le père Cousin, que « le Beau est fait pour quarante personnes par siècle en Europe ». Je monte dans ma tour d’ivoire et ferme ma fenêtre… car autrement, autant se casser la margoulette, ou devenir fou. Mais quand vous ferez de la critique, par humanité tâchez un peu de hausser vos lecteurs jusqu’à vous, au lieu de descendre jusqu’à eux. Pensez à votre sacerdoce, comme dirait M. Prud’homme, et aimez-moi toujours, car je suis vôtre.


798. À CHARLES-EDMOND.
[Août 1864].

Je regrette bien que vous ne puissiez faire avec moi ce petit voyage à Villeneuve. Je m’embête