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CORRESPONDANCE

790. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, dimanche, 6 heures du soir [22 mai 1864].
Mon Loulou,

Il me semble qu’il y a longtemps que je n’ai reçu de nouvelles de ta grand’mère. Dis-lui de ne pas oublier de me répondre relativement à la chambre de la rue de Vendôme.

Quand venez-vous à Paris ? Retardez votre voyage tant que vous pourrez, afin de ne pas laisser seule la pauvre maman qui s’ennuierait trop dans la solitude. Mon séjour ici sera bien encore de quinze bons jours (mais pas plus) ; il me faut bien cela pour en finir (momentanément du moins) avec mes ennuyeuses recherches. Mes séances à la Bibliothèque Impériale ne sont pas douces, d’autant plus que je me prive à peu près de déjeuner afin d’y arriver de meilleure heure ; et quelle compagnie ! J’étais, hier, à côté d’un véritable La Pommerais[1], un bourgeois qui empoisonnait.

J’ai vu Mme Cloquet, qui désire beaucoup faire la connaissance de Monsieur mon neveu, et Mlle Bosquet, qui m’a dit avoir reçu une lettre de toi.

  1. La Pomerais, célèbre empoisonneur, guillotiné à Paris en 1864. Docteur en médecine, il empoisonna sa belle-mère Mme Dubizy et, un peu plus tard, sa maîtresse Mme de Panno, après lui avoir fait contracter à son profit une assurance sur la vie de 550 000 francs. Les débats de ce procès passionnèrent l’opinion publique.