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DE GUSTAVE FLAUBERT.

789. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, mercredi, 2 heures [4 mai 1864].
Mon cher Caro,

Ça ne va pas mieux ; ton petit oncle est cloué chez lui et n’en bouge. Je ne pourrai demain aller dîner à Neuilly chez Théo, ni après-demain chez Mme de Tourbey. Malgré l’onguent de la Mère et les cataplasmes, ma ridicule infirmité ne se guérit pas. Tout cela prolonge mon séjour à Paris où j’ai tant à faire, et que je voudrais cependant quitter pour jouir de ta gentille compagnie à Croisset. Il faudra que vous y refassiez un séjour à l’automne, car voilà longtemps que nous ne nous sommes vus tranquillement.

J’ai hier travaillé toute la journée avec Monseigneur au plan de mon livre. Nous en étions, le soir, plus brisés l’un et l’autre que si nous eussions cassé du caillou ; mais nous avons fait, je crois, d’excellente besogne. L’idée principale s’est dégagée et maintenant c’est clair. Mon intention est de commencer à écrire pas avant le mois de septembre.

Je n’ai aucune nouvelle à te donner, car je ne vois personne, ne sortant pas et ayant fait défendre ma porte pour travailler plus librement avec l’Archevêque. Hier cependant j’ai eu la visite du sieur R*** L*** qui est un idiot ; il est resté chez moi trois quarts d’heure et, pour le mettre à la porte, il m’en a coûté dix francs.

Adieu, pauvre bibi.