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DE GUSTAVE FLAUBERT.

787. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, vendredi, 4 heures soir, 22 avril [1864].
Ma chère Caro,

Ta réponse à la présente nous arrivera peu de temps avant toi, probablement.

Ta lettre de Venise, datée de mardi, nous a fait bien plaisir. Ta grand’mère a eu le temps de la lire sur le quai, avant de prendre le bateau de 2 heures. Elle est à faire des courses avec Mme Desvilles ; elle m’a chargé de t’embrasser et de te remercier de ton exactitude, pauvre chérie.

J’imagine qu’étant à Milan, vous avez été aux îles Borromées, ou tout au moins au lac de Côme ; cela en vaut la peine.

De Milan à Paris, vous ne vous arrêterez guère, probablement. Nous vous attendons vers le milieu de la semaine (si vous ne vous arrêtez pas à Paris). Aucune nouvelle à vous apprendre. La famille vient très souvent ici, et tout le monde s’informe de vous avec empressement. Il fait chaud comme au mois de juin, et j’ai cuydé crever de chaleur, hier, à Rouen (j’ai rencontré dans les rues l’avocat Nion qui m’a assommé avec les potins locaux ! Quel être ! quelle portière !), en allant voir ce malheureux Ernest Lemarié[1] retenu chez son père par la goutte. Si la pudeur ne m’en avait empêché, je me serais assis sur une borne.

  1. Camarade de collège de Flaubert.