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CORRESPONDANCE

Nous ne savons pas où vous adresser nos lettres. Vous devriez bien nous faire part de votre itinéraire et de vos projets de retour dès que vous serez arrivés soit à Gênes, soit à Venise.

Nous avons bu ce soir à votre santé et j’ai écrit les dernières adresses des billets de faire part. Le temps est redevenu beau, et le jardin verdit. Votre intention est-elle de rester à Paris quelques jours, avant de revenir à Rouen ?

J’ai tant de choses à te dire que je ne t’en dis aucune ; ou plutôt non, j’ai simplement bien envie de baiser tes bonnes joues, de te regarder en face et de faire une longue causette.

Adieu donc, mon pauvre Carolo, embrasse pour moi Monsieur mon neveu et pense à ton Vieux.

Écris-nous le plus souvent que tu pourras. Ta grand’mère compte les jours qui la séparent de ton retour : il lui semble que tu es partie depuis un siècle.


784. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, jeudi, 3 heures, 14 avril [1864].

Il était temps que ta lettre arrivât, ma chère Caro, car ta bonne maman commençait à perdre la boule. Nous avions beau lui expliquer qu’il fallait du temps à la poste pour apporter de tes nouvelles ; rien n’y faisait, et si nous n’en avions pas eu aujourd’hui, je ne sais comment la journée de demain se serait passée. Je t’ai écrit à Milan lundi dernier.