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DE GUSTAVE FLAUBERT.

jardin, et le père Bellami n’en est pas du tout content.

La mère Lebret va bien. Voilà toutes les nouvelles de Croisset.

Quant à moi, je travaille sans désemparer toute la journée ; je me couche et me lève à des heures indues ; je ne vois personne et n’entends aucun bruit. Depuis trois jours la pluie ne cesse de tomber. Dès quatre heures il faut allumer la lampe. Il y a une boue atroce devant la grille…

À propos de lampe, vous feriez bien d’essayer la mienne pour voir si elle va bien.

Avez-vous été chez Duplan ? Il doit être dans tout le feu du jour de l’an. Tu me dis que Feydeau a l’air très triste dans ses visites ; il ne me semble pas plus gai dans ses lettres.

Es-tu bien gentille ? Ne forces-tu pas trop ta grand’mère à sortir ? Soigne-la bien, tâche d’être l’ange du foyer, ce qui est un joli titre de romance, et, surtout, ne prends pas la maladie des parisiens qui ont la rage de faire un tour tous les jours…

Adieu, mon pauvre Caro. Dans trois semaines j’espère bien baiser ta gentille mine. Tâche par tes vertus et tes amabilités d’avoir un K…[1] tout particulier.

Encore un bécot.

Adieu.

Ton vieux.

Embrasse ta bonne maman pour moi, ou plutôt embrassez-vous toutes les deux en pensant au pontife de Moloch qui est là-bas.


  1. La lettre K signifie cachet.