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CORRESPONDANCE

Ma mère, qui en est à la fin du second volume, me charge de t’exprimer son admiration et se rappelle, ainsi que ma nièce, au bon souvenir de Mme Feydeau. Quant à moi, je lui baise les mains et je te bécote sur les deux joues, en te dressant dans mon cœur un PIÉDESTAL ! Tu es un gars !

Ton vieux.


762. À JULES DUPLAN.
Vichy [fin juillet 1863].

Tu es un misérable de ne pas avoir charmé ma solitude par quelque épître ; cela m’eût égayé dans la vie embêtante que je mène, et où je n’ai pour distraction que la vue de Jules Lecomte sous les arbres du Parc !

J’ai lu beaucoup de romans depuis que je suis ici et, avant-hier, la Vie de Jésus de l’ami Renan, œuvre qui m’enthousiasme peu. J’ai réfléchi à mes deux plans sans y rien ajouter et à la féerie sans rien trouver. Monseigneur me paraît très en train et nous allons nous y mettre sérieusement dans dix jours, quand je serai rentré à Paris.

Il paraît que vous avez tous les deux solidement bûché les eaux de Saint-Ronan. Vous avez eu une forte conférence ecclésiastique.

Sacré nom d’un chien, quelle chaleur ! Après plusieurs jours de froid et de pluie où je grelottais sans pouvoir me réchauffer, nous jouissons maintenant d’une température étouffante. Elle m’obstrue l’entendement, je ne fais que souffler et dormir étendu « comme ung veau » sur mon lit.