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CORRESPONDANCE

761. À ERNEST FEYDEAU.
Vichy, 2 juillet [1863].

À nous deux, mon bon ! Causons tranquillement.

Tu me permettras d’abord de blâmer ton mode de publication. Pourquoi donner trois titres à une œuvre[1] une s’il en fut ? Ton histoire est parfaitement suivie, elle se tient d’un bout à l’autre ; pourquoi faire accroire qu’il y en a trois ?

Je ne dirai rien de la Préface, qui a tous mes respects et approbations. Tu défends les bons principes en bon langage ; je m’incline et salue.

J’arrive au livre, à l’œuvre. Eh bien, je trouve la chose extrêmement amusante, je répète extrêmement. Tu as voulu faire un roman d’action, d’aventures, et tu as réussi. C’est une chanson nouvelle, Feydeau seconde manière. Le Mari de la danseuse (car c’est pour moi le titre général de l’œuvre, et tu feras bien de le rétablir dans une prochaine édition, en gardant trois sous-titres si cela te convient), le Mari de la Danseuse, dis-je (j’écris comme M. Thiers), est l’antithèse de Fanny, comme conception, sujet et procédé. Voilà jusqu’à présent tes deux extrémités (style Sainte-Beuve) et j’aime autant l’une que l’autre. Je suis ébahi par l’habileté de l’intrigue et les ressources de ton imagination.

  1. Roman en trois parties : Un Début à l’Opéra ; Monsieur de Saint-Bertrand ; Le Marie de la Danseuse.