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DE GUSTAVE FLAUBERT.

la lecture. Je crois qu’ici Blanche « doit se montrer » ; il faut à toute force que tu aies un tour de faveur, car on peut te faire droguer encore des années ! Je compte assez sur Mme Stroelin, avec laquelle j’irai chez le docteur Conneau, etc. Enfin, nous verrons, nous nous trémousserons.

À ta place, j’irais de suite chez Janin. C’est un excellent homme, complaisant ; il a fait de toi de grands éloges ; je lui conterais tout. Il te servirait, ou tout au moins ce serait pour plus tard un jalon. Puisque tu n’écris pas maintenant, marche.

Tu as peut-être raison, il vaut mieux attendre ; je parle de notre conduite à tenir envers ces messieurs de là-bas. Quant à l’article Melaenis, je prendrai plaisir à en demander compte à l’inoffensif Cormenin, et j’en apprendrai là plus peut-être que je n’en veux savoir.

Quel besoin d’invectives j’éprouve ! J’en suis gorgé ! Je tourne au Rousseau. Double effet de la solitude et de l’excitation. Nous finirons par croire à une conjuration d’Holbachique, tu verras.

Patience. Nous aurons notre jour, nous ferons notre trou. Mais il n’est pas fait. Il faut entasser œuvres sur œuvres, travailler comme des machines et ne pas sortir de la ligne droite. Tout cède à l’entêtement.

J’éprouve le besoin, maintenant, d’aller vite.

Remarque : Voilà deux fois dans cette demi-page que j’écris : « j’éprouve le besoin ». Je suis, en effet, un homme qui éprouve beaucoup de besoins.

J’ai appris avec enthousiasme la prise de Sébastopol, et avec indignation le nouvel attentat dont un monstre s’est rendu coupable sur la personne