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CORRESPONDANCE

chevée, limée. C’est une manière de travailler inepte ! mais comment faire ? J’ai la conviction que les meilleures choses en soi sont celles que je biffe. On n’arrive à faire de l’effet que par la négation de l’exubérance. Et c’est là ce qui me charme, l’exubérance.

Si tu veux lire quelque chose de violent et d’opaque comme galimatias, prends une description du Vésuve par le sieur Marc Monnier dans le dernier numéro de la Revue de Paris. Il y a un Jéhovah qui finit un paysage d’une manière un peu remarquable. Cette phrase mérite un encadrement en or. C’est un type, comme on dit.

Le nommé About dont tu me parles est violemment accusé dans ce même numéro (et avec des preuves qui m’ont paru assez concluantes) d’avoir tout bonnement traduit un livre italien, supprimé depuis l’impression et qu’il a donné comme étant une œuvre de lui.

Je voudrais bien lire le Planche sur Du Camp. Hier grand éloge des Chants modernes[1] par Môsieu Paulin Limayrac, mais éloge qui sentait l’ami peu enthousiaste au fond. On vantait surtout les intentions et la préface. Enfin !

J’ai été ces jours derniers assez inquiet de mon pauvre Narcisse qui a cuydé avoir une attaque d’apoplexie. On l’a saigné et il va bien maintenant. J’ai été le voir une fois dans sa chambre et je l’ai trouvé lisant les Rayons et les Ombres ; il ne devait pas y comprendre grand’chose. N’importe, ça m’a attendri.

Est-ce beau ou bête de prendre la vie au sé-

  1. Poésies, par Maxime Du Camp.