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CORRESPONDANCE

rapporteras. Ce qui a fait faire les élégies romaines n’est pas épuisé, sois-en sûr. Il n’y a que les lieux communs et les pays connus qui soient d’une intarissable beauté.

Je lis maintenant l’Émile du nommé Rousseau. Quel baroque bouquin comme idées, mais « c’est écrit », il faut en convenir et ça n’était pas facile !

Combien je regrette de n’avoir pas vu nos deux anges jouant ensemble. Sérieusement, j’en ai été attendri. Pauvres petites cocottes ! Vois-tu quelles balles de financiers nous aurions eu côte à côte, chacun dans notre stalle ! Nous serions-nous rengorgés ? Il n’y avait peut-être pas lieu de se rengorger. Au reste, je suis, je crois, un peu oublié pour le quart d’heure. L’exposition (univeurseul exhibicheun) me nuit peut-être ? J’ai reçu, il y a trois semaines, une lettre écrite par elles deux et qui était ornée de « dessins ». J’en ai répondu une non moins bonne et puis, c’est tout. Ah ! l’amour ne m’obstrue pas l’estomac s’il empâte mon papier !


474. À LOUIS BOUILHET.
Croisset, 7 juin 1855, nuit de mercredi [6-7 juin.]

Ah ! J’âpre-casse atmosphère, quoique dans la nuit, légèrement vêtu et fenêtres ouvertes. — Sue ! Il fait depuis deux jours un polisson de temps agréable. Tu as raison, pauvre cher vieux, de m’envier les arbres, le bord de l’eau et le jardin, c’est splendide ! J’avais hier les poumons fatigués à force de humer les lilas et ce soir, sur la