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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Je donnerai, je crois, aux gens d’imagination, l’idée de quelque chose de beau. Mais ce sera tout, probablement ? Bien que vous m’accusiez de manquer absolument de bon sens, je crois en avoir dans cette circonstance. Or, vous verrez que ma prédiction se réalisera : mon bouquin ne fera pas grand effet.

Eh bien, vos amis sont décorés : Nadaud et Énault, Énault et Nadaud ! Quel duo ! quel attelage ! En voilà qui trouvent l’art de plaire ! — et aux dames surtout.

Je ne sais pas d’autre nouvelle, car je ne vois personne et je ne lis rien — de moderne du moins — et avec tout cela je ne m’amuse guère.

Écrivez-moi un peu, afin que j’aie une petite illusion et que je me croie à vos côtés, quand nous sommes seuls.

Adieu. Ne vous ennuyez pas trop.

Songez à moi, dans vos moments perdus. Et laissez-moi vous baiser les mains bien longuement.

À vous.


691. À ERNEST FEYDEAU.
[Vers le 15 septembre 1861].

Si je ne t’écris pas, mon vieux bon, n’en accuse que mon extrême lassitude. Il y a des jours où je n’ai plus la force physique de remuer une plume. Je dors dix heures la nuit et deux heures le jour. Carthage aura ma fin si cela se prolonge, et je n’en suis pas encore à la fin ! J’aurai cependant, au commencement du mois prochain, terminé mon siège ;