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CORRESPONDANCE

688. À MADEMOISELLE LEROYER DE CHANTEPIE.
Croisset, 24 août 1861.

Vous me semblez, chère Demoiselle, dans un état si lamentable que je me fais un devoir de vous répondre tout de suite.

Je suis tout prêt à vous rendre service. Mais comment le puis-je ? Je ne connais personne parmi MM. les ecclésiastiques ; c’est un monde qui m’est parfaitement étranger.

Et puis il me semble que cette exemption de confession dépend exclusivement de votre évêque. Ce qu’il y aurait de mieux à faire serait d’aller le voir vous-même et de lui exposer votre état. Votre confesseur habituel ne peut-il pas se charger de la commission ?

Cette exemption dépend peut-être du Pape ? Je n’en sais rien. Vos craintes sur la fièvre jaune me semblent bien puériles. Je me rappelle avoir vécu en 1832 en plein choléra ; une simple cloison, percée d’une porte, séparait notre salle à manger d’une salle de malades où les gens mouraient comme des mouches. Notre heure est marquée. À quoi bon s’en inquiéter, quand on a la conscience tranquille ?

Puisque vous vous inquiétez de Salammbô, j’espère l’avoir terminée vers le jour de l’an ; il m’en reste encore la valeur de deux chapitres ; mais cet ouvrage ne vous sera point sympathique, j’en ai peur. Il est fait pour les gens ivres d’antiquités.

Je ne vous donne plus de conseils, car je les