style. La « supériorité de l’idée sur la description » est de même architecture. On en est arrivé maintenant à une telle faiblesse de goût, par suite du régime débilitant que nous suivons, que la moindre boisson forte stupéfiait (sic) et étourdit. Voilà deux cents ans que la littérature française n’a pris l’air ; elle a fermé sa fenêtre à la nature. Aussi le vent des grands horizons oppresse-t-il d’étouffements les gens d’esprit ! Il m’a été dit, il y a cinq ou six ans, un mot profond par un Polonais, à propos de la Russie : « Son esprit nous envahit déjà ». Il entendait par là l’absolutisme, l’espionnage, l’hypocrisie religieuse, enfin l’antilibéralisme sous toutes ses formes. Or nous en sommes là en littérature aussi. Rien que du vernis, et puis le barbare en dessous : barbarie en gants blancs ! pattes de cosaques aux ongles décrassés ! pommade à la rose, qui sent la chandelle ! Ah ! nous sommes bas ! et il est triste de faire de la littérature au XIXe siècle ! On n’a ni base ni écho ; on se trouve plus seul qu’un Bédouin dans le désert, car le Bédouin au moins connaît les sources cachées sous le sable ; il a l’immensité tout autour de lui et les aigles volant au-dessus.
Mais nous ! Nous sommes comme un homme qui tomberait dans le charnier de Montfaucon, sans bottes fortes : on est dévoré par les rats. C’est pour cela qu’il faut avoir des bottes fortes, et à talons hauts, à clous pointus et à semelles de fer, pour pouvoir, rien qu’en marchant, écraser.
Adieu, mille bons baisers, je t’embrasse encore. À toi tout.