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CORRESPONDANCE

683. À EDMOND ET JULES DE GONCOURT.
[Croisset] Lundi soir [8 juillet 1861].
Mes chers Vieux,

Votre volume[1], reçu ce matin à onze heures, était dévoré avant cinq heures du soir.

J’ai commencé par vous chercher quelques chicanes, dans les premières pages, à cause de deux ou trois répétitions de mots, comme celles du mot lit par exemple. Puis ça m’a empoigné, enlevé. J’ai lu tout d’une haleine et en mouillant quelquefois, comme un simple bourgeois.

Je vous trouve en progrès sur les « gens de lettres », comme narration, déductions des faits, enchaînement général ; vous n’avez ni une digression ni une répétition, chose rare et excellente.

L’enfance de Philomène, sa vie au couvent, tout le ch[apitre] ii m’a ébloui. C’est très vrai, très fin et très profond. Bien des femmes s’y reconnaîtront, j’en suis sûr. Il y a là des pages exquises (45 [sic, pour 44], 45, 46) ; on sent la chair sous le mysticisme, le petit téton qui commence à se former sous les médailles bénies [sic], le premier sang des règles qui [se] mêle au sang de Jésus-Christ. Tout cela est beau, bon et solide.

Quant à tout le reste, la vie d’hôpital, je vous réponds que vous avez touché juste ; vous avez des endroits navrants par leur simplicité, comme le ch[apitre] ix.

  1. Sœur Philomène.