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DE GUSTAVE FLAUBERT.

680. À MICHELET.
Croisset près Rouen, 6 juin [1861].

En arrivant ici, mon cher maître, je me suis précipité sur votre volume[1], et je vous écris à la hâte, dans l’émotion, l’éblouissement d’une première lecture.

Je trouve ce livre singulièrement austère, calme et vrai ! C’est là de l’histoire s’il en fut, et de la plus haute.

Ne craignez pas que la majesté de la forme et l’absence d’aigreur soient des obstacles à la conclusion et nuisent au but ; on sent partout la science, ce qui inspire un grand respect.

Vous dites à la fois ce qui a été et ce qui est (et peut-être, hélas ! ce qui sera encore pendant longtemps) ; vous avez fait un prêtre éternel.

Elles étaient, du reste, bien vivantes dans mon souvenir, ces pages si charmantes et si pleines. Elles font rêver à chaque ligne. Quand on vous lit, on a envie de faire des livres.

Je ne sais nulle part rien de plus amusant, de plus profond que la première partie : l’histoire de la direction au XVIIe siècle. Comme on y voit, comme on y apprend, comme on y sent le jésuite ! Et vous finissez par un aperçu qui contient une esthétique tout entière : à savoir le néant de leur art. Oui vous avez raison, cher maître ! La Muse

  1. Le prêtre, la femme et la famille.