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CORRESPONDANCE

m’en restera encore quatre. J’espère avoir tout terminé l’hiver prochain.

Tu me verras dans trois semaines environ. Je crois que, sanitairement parlant, j’ai besoin de prendre l’air et de sortir. Voilà bientôt trois mois que je mène une vie extra-farouche.

La littérature vient de faire de grandes pertes, E. Guinot, Scribe. Celui-là, au moins, avait plus d’esprit que Feuillet et tout autant de style.

As-tu suffisamment rugi de tout le tapage inepte que l’on a fait autour des deux discours académiques.

Je continue à m’indigner contre le cygne de Cambrai. J’annote le Télémaque ; et dire que ça passe encore pour bien écrit ! Est-ce bête, est-ce bête et faux à tous les points de vue ? J’entremêle cette lecture avec celle de l’Énéide, que j’admire comme un vieux professeur de rhétorique. Quel monde que celui-là ! et comme cet art antique fait du bien !

À propos de roman, M. de Calonne a dû recevoir un livre envoyé par une de mes amies. C’est intitulé Louise Meunier, par Émile Bosquet. Si tu peux en faire dire du bien, tu feras une bonne action, car ce petit ouvrage contient des choses excellentes, des observations prises à la source, ce qui est rare. Il va sans dire que tu demanderas ce service en ton nom et non au mien. La Revue Contemporaine, m’ayant éreinté[1], doit rester mon ennemie, et je n’en réclamerai jamais une ligne ni un salut, bien que tu sois devenu quasiment son gendre.

  1. Article de J.-J. Weiss, 15 janvier 1858.