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DE GUSTAVE FLAUBERT.

vu Jean-François monter la petite rue de Péra. J’ai pataugé avec lui dans les boues de Stamboul et humé, en passant, l’odeur des narguilehs que l’on fume accroupi, l’hiver, autour des mangals.

La longue lettre de Rosalie, son voyage, les jours amers vécus dans cette petite ville bulgare, sa mort, et ce qui suit, tout cela m’a ravi, pénétré, navré ! Le trait du pelletier qui veut sauver la robe est sublime, et la dernière ligne d’une haute amertume.

Nous rencontrerons-nous à quelque jour ? Pourrai-je vous dire en face combien votre livre, votre talent, me sont sympathiques ? Oui, je songerai plus d’une fois à Jean-François, et à celle qui l’appelait son « pauvre m’ami » .

En attendant ce plaisir-là, je vous serre très cordialement les deux mains et vous prie de me croire un des vôtres.


669. À MICHELET.
Croisset, 26 janvier 1861.

Comment vous remercier, Monsieur et cher maître, de l’envoi de votre livre[1] ? Comment vous dire l’enchantement où cette lecture m’a plongé ?

Mais laissez-moi d’abord un peu parler de vous, c’est un besoin que j’ai depuis longtemps, et puisque l’occasion se présente, j’en profite.

Il y a des génies que l’on admire et que cependant on n’aime pas, et d’autres qui plaisent sans

  1. La Mer.