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DE GUSTAVE FLAUBERT.

voudrais vous voir lire. Intéressez-vous donc à la vie : memento vivere. C’était la devise que le grand Goethe portait sur sa montre, comme pour l’avertir d’avoir l’œil incessamment ouvert sur les choses de ce monde. Ce spectacle est assez grand pour remplir toutes les âmes. Mais cela demande du travail et de la force ! Lisez de l’histoire, intéressez-vous aux générations mortes, c’est le moyen d’être indulgent pour les vivantes et de moins souffrir.

Quant à un conseil pour votre roman, je ne sais lequel vous donner. J’ai assisté dernièrement à tant de canailleries (dans une question semblable), que je n’y comprends plus rien. Les éditeurs et directeurs de théâtre même semblent encore plus bêtes que filous. Du reste, du moment que vous faites les frais du volume, vous aurez des éditeurs. Mais 1 500 francs me semble un prix exorbitant. Je crois que 1 000 francs est le prix ordinaire d’un in-8o. Je souhaite que 1861 soit pour nous plus doux que 1860, et je vous serre les mains bien affectueusement.


668. À ANGE PECHMÉDJA.
Croisset, près Rouen, 16 janvier [1861].

Excusez-moi, Monsieur, mais depuis deux ans je suis très rarement à Paris, et c’est le mois dernier seulement que j’ai trouvé sur ma table votre charmant livre[1]. Merci mille fois pour avoir

  1. Rosalie.