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CORRESPONDANCE

n’ai pas répondu, parce que j’étais alors dans un tourbillon d’affaires pour la dernière pièce de Bouilhet, l’Oncle Million), vous me paraissiez moins souffrante. La dernière m’a affligé de nouveau. Mais qu’avez-vous donc ? Et que vous faut-il ? Hélas ! je le sais bien, ce que vous avez et ce qu’il vous faut, je vous l’ai dit. Mais vous n’avez, je crois, jamais suivi un conseil donné contre vous, j’entends contre votre douleur, parce que vous la chérissez. Vous ne voulez pas guérir.

Il faudrait quitter votre existence, votre maison, vos habitudes, tout, tout ! Hors de là, il n’y a pas de remède, d’espoir. Je suis sûr que dans Paris, dans une grande ville quelconque, vous trouveriez un soulagement immédiat. Vous objectez à ce déplacement un tas de raisons sans importance. Pardonnez-moi de vous rudoyer ainsi, mais je ne peux m’empêcher de vous aimer et de m’indigner de ce que vous ne vous aimez pas assez. Je voudrais vous savoir heureuse. Voilà tout.

J’ai là sur ma table un petit livre écrit par un réfugié Valaque, intitulé Rosalie, par Ange Pechmédja. C’est une histoire véritable qui vous amusera. Demandez-la.

Avez-vous l’Examen des dogmes de la religion chrétienne, par P. Larroque ? Cela rentre dans vos lectures favorites. L’auteur est remonté aux sources, chose rare ! Et je ne vois pas une objection sérieuse qu’on puisse lui poser. C’est une réfutation complète du dogme catholique ; livre d’un esprit vieux du reste et conçu étroitement. C’est peut-être ce qu’il faut pour une œuvre militante ? Lisez-vous aussi la Revue Germanique  ? Il y a dedans d’excellents articles. Mais ce n’est pas tout cela que je