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DE GUSTAVE FLAUBERT.

lu la dernière publication de N. S. P. où il fulmine contre les littératures obscènes et les maisons de débauche ? Est-ce beau ! Depuis longtemps je ne m’étais repassé par le bec un morceau de si haut goût, mes lectures alternant entre la Mischna, Sozomène, Cedrenus, etc. Mais j’ai bientôt fini, dieu merci ! Je crois que mon éternel bouquinage va cesser. Quant à la copie, j’écris les trois dernières pages du ixe chapitre. Après quoi j’entre dans les endroits où mon héros entre dans mon héroïne.

Voilà, mon bon vieux. J’ai été seul tous ces derniers temps, ma mère et sa petite-fille se promenant au dehors. Mon frère est pris d’une rage pour la chasse et je reste, comme Job sur son fumier, à gratter ma vermine, à retourner mes phrases. Je fume pipes sur pipes. Je regarde mon feu brûler. Je gueule comme un énergumène, je bois des potées d’eau, je me désole tous les matins et je m’enthousiasme tous les soirs. Puis je me console, et cela recommence.

Bonne traversée, je t’embrasse,


663. À ERNEST FEYDEAU.
Croisset, dimanche [21 octobre 1860].

Je réponds tout de suite à la gentille lettre que j’ai reçue ce matin pour te congratuler, mon cher monsieur, sur l’existence que tu mènes ! Accepte l’hommage de mon envie.

Et, puisque tu me fais des questions sur Salammbô, voici où j’en suis. Je viens de finir le