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DE GUSTAVE FLAUBERT.

je songe à vous ! bien que vous ne vouliez pas le croire.

Voici les vacances qui vont venir. Vous allez avoir chez vous votre fils, ce sera une douceur. Savourez-la. On en goûte peu. Cette époque de distributions de prix me remet toujours en mémoire mon temps de collège. J’ai un grand respect pour ce que j’étais alors (bien que je fusse parfaitement ridicule) — et si je vaux quelque chose, c’est peut-être à cause de cela ? — Nous étions un petit cénacle où bouillonnait et flamboyait, je vous le jure, la plus furieuse exaltation poétique et sentimentale qu’il soit possible de contempler. Nous couchions la tête sur des poignards. On se suicidait pour tout de bon. Nous étions beaux comme des anges !

Pourquoi diable vous dis-je tout cela ?

Le but ou le prétexte de ma lettre (comme vous voudrez) était de vous demandez si, à la fin de la semaine prochaine (c’est-à-dire après la fête de S. M.), vous serez chez vous ? Et l’heure à laquelle on peut vous voir ? — Répondez-moi, hein !

Et laissez-moi vous baiser les mains.


652. À CHARLES-EDMOND.
[Croisset, 11 août 1860].
« Taïeb ! Taïeb ketir !!! »

L’Africaine a complètement réussi. — Voilà ce que j’ai lu, ce matin, par hasard, dans une feuille