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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Dans six semaines, j’irai à Paris pour une quinzaine de jours. Le sieur Bouilhet était ici la semaine dernière. Voilà toutes les nouvelles.

Ce n’est pas une petite besogne que la narration et description d’une bataille antique, car on retombe dans l’éternelle bataille épique qu’ont faite, d’après des traductions d’Homère, tous les écrivains nobles. Il n’est sorte de couillonnade que je ne côtoie dans ce sacré bouquin. J’aurai un joli poids de moins sur la conscience quand il sera fini. Que ne suis-je seulement à la fin de mon dixième chapitre, qui sera celui où l’on f…a.

Pendant que tu t’étales au soleil comme un lézard, nous continuons à jouir de ce joli été que tu connais. Depuis trois jours seulement je ne fais plus de feu. Ah ! vieux bougre, comme je voudrais m’en aller avec toi, côte à côte, jusqu’à Tuggurt. Tu vas voir que tous les dangers vont s’enfuir devant toi comme de la fumée et il en sera de même pour l’espace. Une fois revenu, tu croiras n’avoir pas dépassé les Batignolles.

Je ne sais, de Paris, pas la moindre chose, et ne m’en soucie.

Je n’exige nullement que tu m’écrives souvent, car rien n’est assommant, en voyage, comme d’écrire. Néanmoins, quand tu voudras m’envoyer ta signature précédée de ces simples mots : « Je me porte bien », tu me seras moult agréable.

Adieu, vieux, toute ma maisonnée te souhaite plaisir et bonne santé.

Amuse-toi pendant que tu y es. Les jours de pluie et d’em… reviendront assez tôt.

Re-adieu et je te re-embrasse.