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CORRESPONDANCE

tes trois catalogues. Il y avait sur celui de Perrotin quelque chose d’écrit par toi qui a été enlevé. Qu’était-ce ? Je ferai ces trois articles simultanément, afin qu’ils ne se ressemblent pas. Quel est celui qu’il faut le plus faire mousser ? (Ô critique, voilà tout ton but maintenant : faire mousser ou bien échigner, deux très jolies métaphores, et qui donnent une idée de la besogne. !!!) Dis-moi aussi quand est-ce qu’il faut que ces articles soient faits, ou plus tôt et au plus tard. As-tu admiré, dans le catalogue de la Librairie nouvelle, les réclames qui suivent les titres des ouvrages ? C’est énorme ! Est-ce Jaccottet qui a rédigé ces belles choses ? La Revue de Paris a une fière page. Quelle phalange ! Quels lurons ! Tout cela est à vomir. La littérature maintenant ressemble à une vaste entreprise d’inodores. C’est à qui empestera le plus le public ! Je suis toujours tenté de m’écrier comme saint Polycarpe : « Ah ! mon Dieu ! mon Dieu, dans quel siècle m’avez-vous fait naître ? » et de m’enfuir en me bouchant les oreilles, ainsi que faisait ce saint homme, lorsqu’on tenait devant lui quelque proposition malséante.

La besogne remarche. J’ai fait, depuis quatorze jours juste, autant de pages que j’en avais fait en six semaines. Elles sont, je crois, meilleures ; ou du moins plus rapides. Je recommence à m’amuser. Mais quel sujet ! quel sujet ! Voilà bien la dernière fois de ma vie que je me frotte aux bourgeois. Plutôt peindre des crocodiles, l’affaire est plus aisée !

À propos de crocodile, point de nouvelles du Grand Alligator. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Tu me parles de la mine triste de Delisle et de la