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CORRESPONDANCE

attelé à Carthage. C’est un travail de deux ou trois ans pour le moins.

Bouilhet doit venir à Paris dans quelques jours pour son volume de vers qui est sous presse.

Le Théo ne donne pas de ses nouvelles, la Présidente est toujours charmante, et tous les dimanches, chez elle, je rivalise de stupidité avec Henri Monnier. Voilà.

Les bourgeois craignent la guerre et les omnibus roulent sous ma fenêtre. Quoi de plus encore ? Je ne sais rien.

Je vous serre la main bien affectueusement.


635. À LOUIS BOUILHET.
[Paris] 15 mars 1860.

Jamais ! Jamais ! Jamais ! C’est une enfonçade qu’on te prépare, et sérieuse. Au nom du ciel ! Ou plutôt en notre nom, mon pauvre vieux, je t’en supplie, ne fais pas cela ! C’est impossible de toute manière[1].

Quant à Thierry, il a été gentil ; c’est bien. Mais, 1o  tu le mérites, 2o  il y avait intérêt. Réponds-lui le plus poliment, le plus longuement possible si tu veux. Mais un voyage est inutile, on t’enfoncerait. Ne cède pas. Ne viens pas à Paris ; dis que

  1. Thierry, administrateur général de la Comédie-Française, avait demandé à Bouilhet une « ode patriotique » sur le sujet de l’annexion très prochaine de la Savoie à la France. M. Letellier (op. cit., p. 284) cite la lettre de Thierry, du 13 mars, de laquelle Bouilhet, très embarrassé, prit conseil de Flaubert. (Note de René Descharmes, édition Santandréa.)