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DE GUSTAVE FLAUBERT.

mon cœur va se fondre, quand je voudrais absorber le vôtre tout entier. Il me semble que je vous amuse comme un piano et puis que c’est tout. L’air joué, on referme le couvercle. J’ai soif de votre intelligence, je voudrais la posséder complètement dans l’âme, l’absorber comme une liqueur et la mêler au plus profond de mon être. Mon orgueil se révolte que vous m’échappiez ainsi ; en vain, je vous enveloppe de ma pensée ; en vain, je veux retenir cette flamme qui me charme et m’éblouit, tout s’échappe et je ne sais rien et je cherche toujours.

Mon livre me désespère. Je sens que je me suis trompé. Je n’ai pas de terrain solide sous les pieds ; l’exécution manque à chaque minute et je continue pourtant. Enfin, vous serez là, puis je ferai rêver quelques nobles esprits. Ce sera tout.


634. À CHARLES BAUDELAIRE.

Entièrement inédite.

Merci pour votre souvenir, mon cher Baudelaire. J’en ai été à la fois attendri et charmé.

Vos trois pièces m’ont fait énormément rêver. Je les relis de temps à autre. Elles restent sur ma table comme des choses de luxe qu’on aime à regarder ; l’Albatros me semble un vrai diamant. Quant aux deux autres morceaux, mon papier serait trop court si je me mettais à vous parler de tous les détails qui me ravissent.

Vous me demandez ce que je fais ? Je suis