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DE GUSTAVE FLAUBERT.

J’ai eu, ces dernières semaines (et j’ai encore), des inquiétudes et des tracas domestiques assez graves. On a beau vouloir s’écarter de toutes les affaires et affections humaines, on tient toujours à la terre ; et on n’a pas fait trois pas qu’on se déchire à toutes les épines ou qu’on barbote dans des fanges. Votre charmant souvenir m’a fait grand bien, je vous assure.

J’ai beaucoup songé à vous, depuis que je vous sais à Honfleur. Voilà un depuis qui n’est guère convenable ? Mais j’ai longtemps vécu dans ce pays-là. Quelque chose de mon cœur y est resté. C’était une rencontre, peut-être ?

Si vous tenez à savoir ce que je fais, apprenez que je suis au milieu des éléphants et des batailles. J’éventre des hommes avec prodigalité. Je verse du sang. Je fais du style cannibale. Voilà.

Et puis — et surtout — je vous baise les deux mains.

Donnez-moi donc, je vous prie, votre numéro, dont je doute.

Je veux que ceci vous arrive avant lundi. Je n’avais plus que ce soir pour vous écrire. Mais ne jugez pas mon affection aussi courte que ma lettre !


620. À MADEMOISELLE LEROYER DE CHANTEPIE.
[Rouen, 8 octobre 1859].

Vous devez croire que je vous ai oubliée ! Il n’en est rien. Mais il faut pardonner un peu de paresse à un pauvre homme qui garde la plume à la main