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CORRESPONDANCE

nombreuses, mais je tiens à toutes. Elles consistent en répétitions de mots, etc. Tu es beau ! Les phrases toutes faites sont rares. Le paquet sera mis demain au chemin de fer, tu vois que je n’ai pas perdu de temps.

Quant aux observations d’ensemble, je n’ai presque rien à te dire :

1o Il y a un peu de longueur dans le séjour à Trouville, au passage qui est entre la description de l’hiver et la grande tartine philosophique de Daniel. C’est toujours aux endroits tempérés que tu faiblis. Tâche d’escamoter tout ce qui n’est pas utile à l’exposition des théories de Daniel ;

2o La grande scène avec Georget est une des bonnes et superbes choses que je connaisse, et elle n’était pas facile à faire ! Dans la description des chasseurs et du dîner, rien à reprendre. Ça se voit.

3o Dans la scène du pavillon, il y a des mollesses, des longueurs. Ça n’est pas assez intense. On sait trop ce qu’ils vont dire et l’on sent que l’auteur aime ses personnages à un point que le lecteur ne partage pas. La fin est fort belle. Mais il faut retravailler cette scène, et faire qu’il y ait moins de lignes sans enlever une seule idée.

4o La scène avec Georget dans l’auberge, courte, nette, bonne.

5o Il faut, dans le grand dialogue de Daniel avec le comte, qui a plus de vingt pages, serrer vers le milieu ; il est plein de choses excellentes. Mais il y a des tournures de phrases lentes, lourdes, des précautions oratoires inutiles. Sois donc plus concis, nom d’un pétard !