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DE GUSTAVE FLAUBERT.

entendre, tes raisons. Es-tu drôle ? Est-ce que les bonnes choses ont besoin d’être défendues ? Sommes-nous en contestation ? Je te dis ce que je pense. Voilà tout. Seulement pense toi-même à ce que je te dis.

Si tu ne comprends pas ce que je t’écris, si quelque chose te paraît obscur dans mes critiques, enfin si tu crois que tu as besoin de venir, viens ! On te recevra et t’embrassera avec plaisir.

Mais je t’assure que j’ai profondément réfléchi à tout ce que je te dis. Rien n’a été mis à la légère. Si quelqu’un a envie de te voir produire, pour ta seconde publication, un grand livre, sois sûr que c’est moi et que je t’aime, mes injures en sont la preuve.

Il ne faut jamais donner raison aux imbéciles, quand on est dans le vrai ; or, comme ici tu es dans le Vrai et dans le Beau, les trois quarts du temps, prends la petite peine d’y entrer complètement. Ne laisse pas une tache sur ton manteau de pourpre.

Adieu, mon vieux. Je tombe de fatigue. Je t’assure que j’ai travaillé raide depuis trois jours. Il est six heures du matin, je suis à ma table depuis hier midi. J’ai quitté pour Daniel un clair de lune sur Carthage et je suis maintenant assez pressé, parce que le 8 janvier arrive Bouilhet avec son volume de vers. Il a dû t’envoyer Hélène ?

Mille tendresses.

Narcisse va aller tantôt à Rouen mettre au chemin de fer la sacro-sainte boîte. Elle t’arrivera probablement en même temps que cette lettre.