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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Tu ne t’es pas mis le doigt dans l’œil à moitié, non ! mais si en plein que tu t’es rendu aveugle ; tu n’y vois goutte là-dessus. Et tu me dis que c’est afin de ne plus passer pour un bas réaliste ? Je déclare ne rien comprendre à l’argument et je ne vois pas le spiritualisme d’un pareil lieu commun.

Maintenant que j’ai fini je me résume :

1o  Et avant tout, enlève-moi ça ;

2o  Refais, rarrange ou supprime (ce qui vaudra mieux) le discours de Daniel sur la pauvreté. Quant au docteur, je te demande sa mort comme un service personnel ;

3o  Revois tous les dialogues, dans le sens indiqué ;

4o  Tâche d’être plus rapide vers la fin de la deuxième partie, et dans toute la troisième qui est la plus faible ;

5o  Et fais attention aux observations que j’ai mises en marge, il y en a quelques-unes d’importantes.

Dernier conseil :

Prends, au hasard, une des pages que j’indique comme lentes ou mal écrites ; lis-la, indépendamment du reste, en elle-même, en ne considérant que le style. Puis, quand tu l’auras amenée à toute la perfection possible, vois si elle se lie avec les autres et si elle est utile. Demande-toi à chaque phrase ce qu’il y a dedans. Tu n’es pas assez convaincu de cet axiome : « qui se contient, s’accroît. » Le sujet t’emporte et tu n’as pas l’œil assez ouvert sur l’ensemble ; les paliers, dans ta maison, sont trop larges et trop nombreux.

Tu tiens à établir tes idées, et tu prêches sou-