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DE GUSTAVE FLAUBERT.

qu’il y a de plus grave, et même la seule chose grave. Tu enlèveras par là de la monotonie. Serre, serre les dialogues, on parle trop, et tes personnages parlent un peu tous de la même façon ; leur discours manque de caractère (j’en excepte Georget). Ainsi Louise dit quelque part qu’elle « l’identifie » (p. 182) ; ce n’est pas là un mot de jeune fille.

Mais si l’observation manque un peu dans les discours, on la retrouve (et flamboyante) dans les peintures. Les dames travaillant sous la tente et les baigneuses sont des morceaux achevés. Il y a là une certaine veine gouailleuse et contenue qu’il faudra plus tard exploiter et qui fera ouvrir les yeux, j’en suis sûr. Quant aux choses de la nature, les aspects de mer et de ciel, elles sont rendues aussi habilement que possible.

Bref, quant au caractère et au style, à l’ensemble enfin, Daniel a selon moi une grande supériorité sur Fanny.

Mais (voilà le mais qui revient) la situation languit à partir de la seconde partie, c’est cela qu’il faut revoir sérieusement et serrer. Ça n’avance pas assez et je trouve, comme longueur matérielle, que c’est en disproportion avec le reste. Telle digression tient plus de place qu’une scène capitale.

Maintenant j’arrive à deux changements, ou plutôt deux suppressions :

1o Page 120. La tartine de Daniel à propos des pêcheuses.

Que vois-tu là de bon ? C’est écrit en phrases toutes faites d’un bout à l’autre, et commun de fond au suprême degré. Quel est le bourgeois qui n’a pas pensé cela et dit cela ? Je relève au hasard