Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 4.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
276
CORRESPONDANCE

tôt, et encore on se foutra de moi, n’importe ! Je crois que ce sera une tentative élevée et, comme nous valons plus par nos aspirations que par nos œuvres, et par nos désirs que par nos actions, j’aurai peut-être beaucoup de mérite ; qui sait ?


588. À MADEMOISELLE LEROYER DE CHANTEPIE.
[Croisset, 4 septembre 1858.]

Vous devez me trouver bien oublieux, chère Demoiselle. Excusez-moi, je travaille en ce moment-ci énormément. Je me couche tous les soirs exténué comme un manœuvre qui a cassé du caillou sur les grandes routes. Voilà trois mois que je n’ai bougé de mon fauteuil que pour me plonger dans la Seine, quand il faisait chaud. Et le résultat de tout cela consiste en un chapitre ! Pas plus ! Encore n’est-il pas fini. J’en ai encore au moins une dizaine à faire, je ne sais rien du dehors et ne lis rien d’étranger à mon travail. Il est même probable que je n’irai guère à Paris cet hiver. Je laisserai ma mère y aller seule. Il faudra pourtant que je m’absente au mois de novembre une quinzaine de jours, à cause des répétitions d’Hélène Peyron, un nouveau drame de mon ami Bouilhet, qui sera joué à l’Odéon. À propos de mes amis, avez-vous lu Fanny, par E. Feydeau ? Je serais curieux de savoir ce que vous en pensez.

Maintenant que j’ai parlé de moi, parlons de vous.

Vous m’avez envoyé une bien belle lettre la