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CORRESPONDANCE

chose de lourd à exécuter, je vous en réponds ! Pour moi du moins. Il est vrai que mes prétentions ne sont pas médiocres ! Je suis las des choses laides et des vilains milieux. La Bovary m’a dégoûté pour longtemps des mœurs bourgeoises. Je vais, pendant quelques années peut-être, vivre dans un sujet splendide et loin du monde moderne dont j’ai plein le dos. Ce que j’entreprends est insensé et n’aura aucun succès dans le public. N’importe ! Il faut écrire pour soi, avant tout. C’est la seule chance de faire beau.

Vous devriez (si aucun sujet ne vous vient) écrire vos mémoires. Nous reparlerons de cela. Il me semble que dans une de mes dernières lettres je vous avais indiqué plusieurs lectures. Les avez-vous faites ?

Adieu, à bientôt. Je vous serre les mains bien cordialement et je vous baise au front.


586. À EUGÈNE DELATTRE.
[Croisset] 1er août [1858].
Grand juriste !

J’ai reçu les numéros de l’Audience et je me délecte dans les Voyageurs et expéditeurs en chemin de fer[1]. J’admire surtout le bourgeois qui avait fait du cadavre de sa femme un colis !!! Mais dans la liste des objets que M.*** emporte en vacances,

  1. Tribulations des voyageurs et expéditeurs en chemin de fer, par Eugène Delattre.