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DE GUSTAVE FLAUBERT.

563. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, mardi soir, 25 [24] novembre 1857.
Ma chère petite Caroline,

J’ai beaucoup de compliments à t’adresser. Il n’y avait pas dans ta dernière lettre une seule faute d’orthographe, et je l’ai trouvée rédigée comme par un notaire. Écris-m’en toujours de pareilles, tu me feras grand plaisir.

Comment vas-tu, mon pauvre loulou ? Qu’il y a longtemps que nous ne nous sommes vus ! Mes joues, depuis que tu n’es plus là, augmentent et durcissent, car elles n’ont plus personne pour les pétrir et les amollir à force de bécots.

Je ne manquerais pourtant pas d’occasions si je voulais, car M. Huault[1] est, depuis que vous êtes parties, venu deux fois. La dernière était hier, il est arrivé à 11 heures du matin, dans l’intention de passer toute la journée ; il venait exprès « pour me distraire ». On lui a dit que j’étais à Paris, alors il s’est rabattu sur Baptiste[2] qui ne lui a pas même offert un verre de cidre. Il est parti à jeun et, je crois, peu content de l’hospitalité.

Il s’est beaucoup informé de toi.

Je n’ai vu aucune de tes amies, ni ces demoiselles Raymond, ni Palmyre, ni Hortense[3]. Mais je sais qu’elles vont bien.

  1. M. Huault, commensal de la famille, fort indiscret et dont on redoutait les visites.
  2. Baptiste, fermier de Mme Flaubert.
  3. Petites villageoises, amies de Caroline.