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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Écrivez-moi. Vos lettres font plus que de me plaire, elles me touchent. Adieu, à bientôt, n’est-ce pas ? Et croyez à tout mon attachement.


556. À ERNEST FEYDEAU.
[Croisset, fin août 1857.]

Oui ! samedi prochain, à 7 h 50, rue Verte ! Je serai là samedi, mais pas plus tard. Est-ce bien sûr ?

J’en ai fini avec mes notes et je vais m’y mettre cette semaine, ou dès que tu seras parti de céans ! Il faut bien se résigner à écrire.

Je suis un peu remonté, à la surface du moins. Car au fond, je suis bougrement inquiet. Plus je vais et plus je deviens poltron. Je n’ose plus. (Et tout est là : oser !) Ce qui n’empêche pas que le susdit roman ne soit la preuve d’un toupet exorbitant. Et puis, comme le sujet est très beau, je m’en méfie énormément, vu que l’on rate généralement les beaux sujets. Ce mot, d’ailleurs, ne veut rien dire, tout dépend de l’exécution. L’histoire d’un pou peut être plus belle que celle d’Alexandre. Enfin ! nous verrons.

Adieu, cher vieux, à samedi. Nous taillerons, j’imagine, une fière bavette. Mais je ne parlerai nullement de Carthage, parce que parler de mes plans me trouble. Je les expose toujours mal. On me fait des objections et je perds la boule. Je t’embrasse.