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CORRESPONDANCE

vue. On ne la verra plus, du reste, car je l’ai fait enlever au second tirage qui a eu lieu il y a un mois. Tout cela, du reste, est fort peu important et très misérable. Il faut, quand on veut faire de l’Art, se mettre au-dessus de tous les éloges et de toutes les critiques. Quand on a un idéal net, on tâche d’y monter en droite ligne, sans regarder à ce qui se trouve en route.

J’ai une très longue lettre à vous écrire, j’attends la vôtre pour cela ; j’ai voulu seulement ce soir vous dire merci.

Un mot sur vous cependant. Puisque la musique vous fait tant de bien, pourquoi ne venez-vous pas l’hiver, à Paris, en entendre ? C’est une mauvaise chose que de vivre toujours aux mêmes endroits ; les vieux murs laissent retomber sur notre cœur, comme la poussière de notre passé, l’écho de nos soupirs oubliés et le souvenir des vieilles tristesses, ce qui fait une tristesse de plus.

Vous étouffez, il vous faut de l’air.

Mille tendres bonnes choses. Tout à vous.


545. À CHARLES BAUDELAIRE.
Croisset, 13 juillet [1857].
Mon cher Ami,

J’ai d’abord dévoré votre volume[1] d’un bout à l’autre, comme une cuisinière fait d’un feuilleton, et maintenant, depuis huit jours, je le relis, vers à

  1. Les Fleurs du mal.