Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 4.djvu/172

Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
CORRESPONDANCE

chéries. J’arrête un compliment qui me vient au bout de la plume et je vous prie de me croire votre collègue affectionné.


525. À MAURICE SCHLÉSINGER.
Paris [fin mars 1857].

Ne croyez pas que je vous oublie, mon cher Maurice. Voilà un grand mois et plus que je remets chaque jour à vous écrire. Mais je suis réellement (passez-moi le ridicule de l’aveu) un homme fort occupé. Voilà la première année depuis que j’existe, que je mène une vie matériellement active, et j’en suis harassé.

Jamais je ne vous oublierai. Vous pourrez, quelquefois, être longtemps sans entendre parler de moi, mais je n’en penserai pas moins à vous. Je suis de la nature des dromadaires, que l’on ne peut faire marcher que lorsqu’ils sont au repos et l’on ne peut arrêter lorsqu’ils sont en marche ; mais mon cœur est comme leur dos bossu : il supporte de lourdes charges aisément et ne plie jamais. Croyez-le. Je sais bien que je suis un drôle, de ne pas aller vous voir, de ne pas faire avec vous un petit tour sur le Rhin, etc. Me croyez-vous donc assez sot et assez peu égoïste pour me priver bénévolement de ce plaisir ? Mais, mon cher ami, voici ma situation présente :

1o J’ai un volume qui va paraître dans quinze jours (vous le recevrez avant qu’il ne soit en vente à Paris), il faut que je surveille la publica-