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DE GUSTAVE FLAUBERT.

de but en blanc des félicitations, puis il m’a lâché au moment décisif. Bref, il ne s’est point conduit avec moi en galant homme, et même il a manqué à une parole qu’il m’avait donnée. Néanmoins nous sommes restés en de bons termes.


522. À MADAME PRADIER.
[Paris] Mardi au soir [février, 1857].
Chère Madame,

Je ne sais quand j’aurai le plaisir de vous aller faire une petit visite, tant je suis fatigué, abruti et enrhumé ; il m’est resté de mon procès une courbature physique et morale qui ne me permet de remuer ni pied ni plume.

Ce tapage fait autour de mon premier livre me semble tellement étranger à l’Art, qu’il me dégoûte et m’étourdit. Combien je regrette le mutisme de poisson où je m’étais tenu jusqu’alors.

Et puis l’avenir m’inquiète : quoi écrire qui soit plus inoffensif que ma pauvre Bovary, traînée par les cheveux comme une catin en pleine police correctionnelle ? Si l’on était franc, on avouerait au contraire que j’ai été bien dur pour elle, n’est-ce pas ?

Quoi qu’il en soit, et malgré l’acquittement, je n’en reste pas moins à l’état d’auteur suspect. — Médiocre gloire !

J’avais l’intention de publier immédiatement un autre bouquin qui m’a demandé plusieurs années