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CORRESPONDANCE

autant de conscience et d’indépendance. Ah ! je leur en f… des romans ! et des vrais ! j’ai fait de belles études, mes notes sont prises ; seulement j’attendrai, pour publier, que des temps meilleurs luisent sur le Parnasse.

Dans tout cela, la Bovary continue son succès ; il devient corsé, tout le monde l’a lue, la lit ou veut la lire.

Ma persécution m’a ouvert mille sympathies. Si mon livre est mauvais, elle servira à le faire paraître meilleur ; s’il doit au contraire demeurer, c’est un piédestal pour lui.

Voilà !

J’attends de minute en minute le papier timbré qui m’indiquera le jour où je dois aller m’asseoir (pour crime d’avoir écrit en français) sur le banc des filous et des pédérastes.

Adieu, cher frère, je t’embrasse.

À toi.


513. À SON FRÈRE ACHILLE.
[Paris] Dimanche, 20 janvier, 6 heures du soir
[18 janvier 1857].

C’est jeudi prochain que je passe définitivement ; il y a des chances pour, des chances contre ; on ne parle que de cela dans le monde des lettres.

J’ai été aujourd’hui une grande heure seul avec Lamartine, qui m’a fait des compliments par-dessus les moulins. Ma modestie m’empêche de rapporter les compliments archi-flatteurs qu’il m’a