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CORRESPONDANCE

les cœurs. Et puis rien ne fait mieux passer la vie que la préoccupation incessante d’une idée, qu’un idéal, comme disent les grisettes… Folie pour folie, prenons les plus nobles. Puisque nous ne pouvons décrocher le soleil, il faut boucher toutes nos fenêtres et allumer des lustres dans notre chambre.

Je passe quelquefois rue Richelieu pour avoir de vos nouvelles. Mais la dernière fois, je n’y ai plus trouvé personne de connaissance. M. de Laval en est parti ; et au nom de Brandus, il s’est présenté à mes yeux un mortel complètement inconnu. — Vous ne viendrez donc jamais à Paris ! votre exil est donc éternel ! On lui en veut donc à cette pauvre France ! et Maurice, que devient-il ? Que fait-il ? Comme vous devez vous trouver seule depuis le départ de Maria ! Si j’ai compris la joie dont vous m’avez parlé, j’ai compris aussi les tristesses que vous m’avez tues. Quand les journées seront trop longues ou trop vides, pensez un peu à celui qui vous baise les mains bien affectueusement. Tout à vous.


512. À SON FRÈRE ACHILLE.
Vendredi, 8 heures et demie du soir
[probablement le 16 janvier].

Je ne t’écrivais plus, mon cher Achille, parce que je croyais l’affaire complètement terminée ; le prince Napoléon l’avait par trois fois affirmé et à trois personnes différentes ; M. Rouland a été lui-