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DE GUSTAVE FLAUBERT.

pas. Je vous donnerai dans quelque temps quelque chose de plus relevé dans un milieu plus propre. Adieu, ou plutôt à bientôt. Permettez-moi de baiser vos mains qui m’écrivent de si jolies choses et de si flatteuses, et de vous assurer que je suis (sans aucune formule de politesse) tout à vous.


503. À LOUIS BONENFANT.
Paris, vendredi soir [12 décembre 1856].

Vous êtes parfaitement en droit de me considérer comme un polisson, puisque je n’ai pas encore, cher cousin, répondu à ton aimable lettre. Mais j’ai été fort affairé depuis un mois. L’emploi de chef de claque n’est pas un métier de faignant ! Enfin ! c’est une affaire terminée, et vaillamment. Notre ami Bouilhet est maintenant considéré comme un poète de haute volée parmi les gens de lettres, et quelque peu dans le public aussi. Toute la presse a chanté son éloge à qui mieux mieux. Sa pièce en est maintenant à la trentième représentation, et l’empereur ira la semaine prochaine.

Quant à moi, mes chers amis, je n’ai pas non plus lieu de me plaindre. La Bovary marche au delà de mes espérances. Les femmes seulement me regardent comme « une horreur d’homme ». On trouve que je suis trop vrai. Voilà le fond de l’indignation. Je trouve, moi, que je suis très moral et que je mérite le prix Montyon, car il dé-