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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Quant à moi, cher ami, vous apprendrez avec plaisir que mon affaire marche très bien. J’ai de toutes façons lieu d’être extrêmement satisfait — jusqu’ici du moins. Les deux premiers numéros de mon roman ont déjà fait quelque sensation parmi la gent de lettres — et un éditeur m’est venu faire des propositions… qui ne sont pas indécentes.

Je vais donc gagner de l’argent ; grande chose ! chose fantastique ! — et qui ne me sera pas désagréable par le temps de misère (et de misères) qui court.

Est-ce que Mme X*** (car je ne sais pas le nom de dame de Maria) ne viendra pas faire un petit voyage à Paris avec son époux ? les accompagnerez-vous ?

J’aurais bien du plaisir à vous recevoir dans mon petit appartement du boulevard du Temple, et à deviser avec vous, coudes sur la table. J’ai deux fauteuils dans mon cabinet. Je ne puis vous en offrir qu’un au coin du feu ; c’est bien le moins qu’on partage avec ses amis.

Adieu, mon cher Maurice. J’espère que mon souvenir vous arrivera à temps, et que vous recevrez mon dernier souhait sur le seuil de votre maison, au moment où vous le franchirez pour conduire votre chère fille à l’église.

Mille cordialités ; tout à vous.

Votre ancien ami, Janin, est très satisfait du commencement de mon bouquin, et m’a envoyé, par un tiers, des mots fort aimables.