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CORRESPONDANCE

refondu. J’en ai peut-être encore pour un mois de travail. Je n’aurai le cœur léger que lorsque je n’aurai plus sur les épaules cette satanée œuvre, qui pourrait bien me traîner en cour d’assises — et qui à coup sûr me fera passer pour fou. — N’importe ! une si légère considération ne m’arrêtera pas.

Je ne sais trop ce que j’écrirai cet hiver (le drame de Bouilhet va d’abord me prendre du temps) ; je suis plein de projets, mais l’enfer et les mauvais livres sont pavés de belles intentions.


501. À MAURICE SCHLÉSINGER.
Paris, 1856 [2e quinzaine d’octobre].

Excusez-moi, mon cher Maurice, il m’est impossible — archi-impossible, complètement impossible, d’être jeudi à Baden, ni de m’absenter de Paris pendant une journée, d’ici un grand mois.

J’ai d’abord considérablement d’épreuves à corriger, puis tous les jours je passe les après-midi à l’Odéon, pour surveiller les répétitions d’un grand drame en cinq actes et en vers qui n’est malheureusement pas de moi, mais qui m’intéresse plus que s’il était de moi — l’auteur est mon ami Bouilhet que vous avez vu chez ma mère. C’est une œuvre considérable, une question de vie ou de mort pour lui ; — la direction fonde dessus de grandes espérances, et nous aurons, je crois, un très beau succès. Mais il y a bien à faire encore, et quantité de choses à trouver comme mise en scène.