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DE GUSTAVE FLAUBERT.

496. À LOUIS BOUILHET.
Croisset, 23 septembre 1856.

Il me semble, mon cher monsieur, que tu es en ébullition, ça commence à marcher ! Nom d’un bonhomme, que je voudrais être aux répétitions ! Je compte les jours ! Dans un mois, je serai à Paris et je ne te quitte plus. Merci du billet de répétition. Quoique je n’y aie rien compris, il m’a fait un grand plaisir. Les signes cabalistiques dont il est orné ont ajouté à mon respect.

Janin m’épate. « Fait trop vite » est charmant dans la bouche d’un tel monsieur, dont les âneries empliraient un volume[1]. Ah ! nous en avons vu de belles, et nous en verrons encore. Il m’a l’air tout à fait fossile, maintenant, ce bon Janin. Porte tes vers à la Revue de Paris ; il faut faire « feu des quatre pieds ».

J’ai reçu, jeudi, une lettre de Maxime qui m’annonce que je parais le 1er  octobre. Toute la première partie est envoyée à l’imprimerie. Je ne recevrai pas les épreuves. Il se charge de tout et me jure de tout respecter. Devant une pareille promesse, je me suis tu, bien entendu. Il était temps ! je commençais à être passablement agacé.

  1. « L’accueil qu’il [Janin] m’a fait n’a été ni bon ni mauvais… Janin m’a dit qu’il se rappelait Melaenis ; il me l’a montrée avec une belle reliure. Il m’a dit que ç’avait eu du succès, que c’était bon, mais que c’était fait trop vite. Je trouve celle-là bonne de la part de Janin, le Cardinal des mers ! Enfin ! » (Lettre de Bouilhet à Flaubert, vers le 20 septembre 1856.)